JOHANNESBURG (Reuters) – Les grands de ce monde, les Américains Barack Obama et Bill Clinton, le Cubain Raul Castro, ont rejoint mardi des milliers de Sud-Africains anonymes dans une gigantesque célébration en hommage à Nelson Mandela et à ses capacités de rassembleur.
L’avion du président Obama, avec à son bord son prédécesseur George W. Bush et leurs épouses Michelle et Laura, a atterri à l’aéroport de Waterkloof dans la banlieue de Pretoria.
Au même moment, bravant la pluie, une foule compacte se dirigeait vers le Soccer City Stadium de Johannesburg, l’enceinte de football où l’ancien président sud-africain et militant anti-apartheid fit sa dernière apparition en public, avant la finale de la Coupe du monde en 2010.
C’est également dans cette vaste enceinte de 95.000 places que Nelson Mandela, fraîchement libéré des geôles de l’apartheid, a été ovationné par la foule de ses partisans pour une nouvelle Afrique du Sud.
« J’étais là en 1990 quand Mandela a été libéré et je suis là à nouveau pour lui dire au revoir », déclare Beauty Pule, 51 ans, alors que la foule affluait vers le stade.
« Je suis sûre que Mandela était fier de l’Afrique du Sud qu’il a contribué à créer. Elle n’est pas parfaite, mais personne n’est parfait et nous avons fait de grands progrès. »
Le service funéraire, qui doit commencer à 11h00 (09h00 GMT), est la pièce centrale d’une semaine de cérémonies d’hommage au père de la nation, mort jeudi à l’âge de 95 ans.
A l’intérieur du stade, l’atmosphère est à la joie et à la célébration malgré la pluie. Les Sud-Africain dansent et chantent les airs de la lutte contre l’apartheid, avec en fond sonore le bruit des « vuvuzelas », les célèbres cornes de plastique devenues un des symboles de la Coupe du monde de football de 2010.
Le fait que les politiques qui ont fait le déplacement – plus de 90 sont attendus – ont pour certains des relations détériorées voire inexistantes, est particulièrement symbolique.
C’est le cas pour les présidents cubain et américain. Barack Obama et Raul Castro, dont les pays symbolisent des idéologies ennemies depuis plus de 50 ans, figurent parmi les orateurs attendus.
« IL RAPPROCHE LES GENS »
C’est aussi le cas de Tony Blair et du président zimbabwéen Robert Mugabe. Ce dernier avait traité l’ancien Premier ministre britannique de « petit garçon » et de « menteur ».
On pensait un moment que le nouveau président iranien Hassan Rohani serait là, mais son nom ne figurait pas mardi matin sur la liste des participants.
Israël, critiqué en Afrique du Sud pour avoir fourni des armes au régime de l’apartheid qui a maintenu Nelson Mandela derrière les barreaux pendant 27 ans, n’enverra ni son Premier ministre ni son président.
Le pape François a demandé à un cardinal africain de le représenter.
La France a envoyé son président François Hollande et son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Les anciens présidents américains Jimmy Carter et Bill Clinton sont également attendus.
Des personnalités du monde des affaires et du spectacle devaient également faire le voyage : l’animatrice de télévision américaine Oprah Winfrey, les chanteurs Peter Gabriel et Bono, le top model Naomi Campbell et l’homme d’affaires Richard Branson.
Mardi, les antagonismes seront laissés au vestiaire. Les membres du premier cercle de Mandela, famille et entourage, soulignent que le défunt aurait aimé que ce soit l’occasion pour les ennemis de toujours de se saluer, et non de s’invectiver.
« Ce qu’il a fait dans sa vie, est ce qu’il fait dans la mort. Il rapproche les gens de tous les milieux, de différentes opinions, croyance politiques, religieuses », a déclaré à Reuters Zelda la Grange, l’ancienne assistante de Nelson Mandela.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon devrait prendre la parole pour ériger en exemple le combat de Madiba pour l’égalité et les droits de l’homme. Ce mardi est également la journée des droits de l’homme de l’Onu.
Après la cérémonie, le corps de Nelson Mandela sera exposé pour trois jours à Union Buildings, le siège du gouvernement à Pretoria où il prêta serment après son élection à la présidence en 1994.
Le père de la Nation sera inhumé dimanche à Qunu, sur la terre de ses ancêtres dans la province du Cap-Oriental. Seul un nombre restreint de dignitaires étrangers seront présents à cette occasion.
Nelson Mandela reposera auprès de trois de ses six enfants, une fille morte en couches en 1948, un fils, Thembi, victime d’un accident de voiture en 1969, et Makgatho, mort du sida en 2005.
Stella Mapenzauswa et David Dolan Henri-Pierre André, Pascal Liétout et Danielle Rouquié pour le service français
Source : Reuters : par Stella Mapenzauswa et David Dolan
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