Des militaires ont pillé des magasins d’électro-ménager et des bijouteries dans le centre-ville et dans des quartiers périphériques, selon des témoins. Des badauds se sont joints à ces pillages, selon les mêmes sources.
Conséquence: des commerçants du principal marché de Ouagadougou, furieux des pillages qui sévissent depuis trois jours, ont incendié samedi le siège du parti au pouvoir dans la capitale. Ils étaient des centaines à attaquer le siège du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir), sur la principale artère de Ouagadougou, l’avenue Kwame Nkrumah, dans le quartier des affaires de la capitale, avant d’y mettre le feu. Les banques, habituellement ouvertes ce jour de la semaine, sont restées fermées.
Mutinerie de la garde présidentielle
Le chef de l’Etat burkinabè Blaise Compaoré doit résister depuis février à des mouvements de colère multiples, dont ceux de soldats. Cette récente mutinerie a entraîné la dissolution du gouvernement dirigé par le Premier ministre Tertius Zongo, et le limogeage du chef d’état-major des armées, le général Dominique Djindjéré, remplacé par le colonel-major Honoré Nabéré Traoré.
Le mouvement de révolte a débuté jeudi soir dans deux casernes de la capitale, dont l’une dans l’enceinte de la résidence à Ouagadougou de Compaoré. Le président a dû se rendre pendant quelques heures à Ziniaré, sa ville d’origine, à une trentaine de kilomètres au nord, avant de revenir en son palais vendredi matin.
«On revendique beaucoup de choses», a affirmé à l’AFP un des mutins, citant «les primes de logement» et alimentaire. «Depuis ce matin, ils ont leur argent, tout le monde l’a eu», a affirmé un officier de la garde, sans préciser le montant et le nombre de soldats en ayant bénéficié.
Cette grogne survient après des mouvements, fin mars, de militaires en colère qui protestaient contre la condamnation et l’emprisonnement de certains de leurs camarades inculpés dans des affaires de moeurs et de viols. Ils s’étaient emparés d’armes de guerre dans des garnisons de plusieurs villes, dont Ouagadougou, avaient déjà tiré en l’air dans les rues, pillé des boutiques et libéré certains de leurs camarades emprisonnés. Le président Compaoré avait alors rencontré toutes les composantes de son armée à l’issue des rencontres, annoncé la «fin de la crise».
Des mouvements de jeunes
Avant les protestations des militaires, son régime avaient été secoué par des mouvements de jeunes, à la suite de la mort à Koudougou (centre) d’un étudiant de 23 ans, Justin Zongo, lors d’une manifestation. Cette mort a provoqué d’autres manifestations, souvent violentes, à travers tout le pays qui ont fait six morts à Koudougou et dans ses environs.
Puis, il y a une semaine, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Ouagadougou et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays contre le régime de Compaoré, 60 ans, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1987.
La contestation à laquelle fait face Blaise Compaoré survient au moment où celui auquel il a toujours accordé son soutien, l’Ivoirien Alassane Ouattara, vient d’accéder au pouvoir à Abidjan après l’arrestation de leur ancien ennemi commun, Laurent Gbagbo. Devenu un temps médiateur dans la crise en Côte d’Ivoire où vivent au moins trois millions de Burkinabè, Compaoré y a pris une part importante en soutenant dès 2002 la rébellion à Laurent Gbagbo, alliée à Alassane Ouattara.
(Source AFP)
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