LA VALETTE (Reuters) – Les dirigeants de l’Union européenne ont reçu mercredi leurs homologues africains à la Valette pour tenter d’apporter des réponses coordonnées à la crise migratoire en Europe.
Ce sommet UE-Afrique a été imaginé il y a six mois, après la mort de plus de 800 migrants dans le naufrage d’un navire au large de la Libye, qui a conduit les Européens à renforcer leurs missions de secours maritime en Méditerranée, provoquant un afflux temporaire de migrants en Italie et à Malte.
Les arrivées vers ces deux pays ont toutefois diminué, la nouvelle route de l’exode passant désormais par les îles grecques puis les Balkans, et l’heure est moins à la recherche de réponses d’urgence que de solutions à plus long terme.
Les dirigeants européens et africains devraient ainsi réfléchir à des mesures pour aider à la création d’emplois en Afrique ou à des accords de rapatriement pour les centaines de milliers d’Africains déjà émigrés en Europe.
« Il faut sûrement, et nous le faisons, contrôler nos frontières mais nous devons surtout faire des politiques de développement », a dit François Hollande à son arrivée à Malte. « (…) Si nous ne comprenons pas que nous devons investir massivement en Afrique, alors nous aurons dans ces prochaines années toujours ces courants d’émigration », a ajouté le président français.
La chancelière allemande Angela Merkel, qui est soumise à de sévères critiques au sein de son propre camp pour sa politique d’accueil des réfugiés, a déclaré que le sommet permettrait de promouvoir « des relations d’amitié avec les Africains », de leur offrir de l’aide, « mais aussi d’énoncer clairement des exigences et des attentes ».
PLAN D’ACTION
L’une des priorités des Européens est d’obtenir de la part de leurs partenaires africains davantage de coopération dans le renvoi dans leurs pays des ressortissants africains qui ne remplissent pas les critères du droit d’asile.
Aux gouvernements africains qui disent craindre un tarissement brutal de l’émigration, qui leur apporte souvent un revenu vital, les Européens comptent offrir des garanties sur les migrations légales.
Un plan d’action prévoit d’offrir des aides à l’Afrique, de faciliter l’octroi de visas à certaines catégories comme les étudiants ou les travailleurs saisonniers, et d’abaisser le coût des transferts d’argent vers les pays d’origine, en échange d’un effort accru de rapatriement des migrants.
Après leur dîner avec leurs homologues africains mercredi, les dirigeants européens se retrouveront seuls jeudi pour évoquer les négociations avec la Turquie, qui héberge plus de deux millions de réfugiés syriens. Ils tenteront de s’entendre sur les moyens d’endiguer le flot de demandeurs d’asile qui partent actuellement des côtes d’Asie mineure pour rejoindre la Grèce.
Des discussions tendues s’annoncent également sur la mise en oeuvre des mesures de répartition que les pays membres ont convenu d’adopter depuis avril, alors que l’afflux de migrants via les Balkans pousse le système de libre circulation à l’intérieur des frontières de l’UE à ses limites.
L’Allemagne a prévenu qu’elle pourrait commencer à renvoyer des réfugiés syriens vers d’autres Etats membres de l’UE. La Hongrie a immédiatement averti qu’elle n’en accueillerait aucun.
La Slovénie a de son côté commencé à ériger mercredi une clôture de barbelés le long de certaines parties de sa frontière avec la Croatie et le Danemark a annoncé son intention de durcir les contrôles à ses frontières.
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)
Source : Reuters par Alastair Macdonald
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