Le président égyptien Mohamed Morsi a accordé à l’armée le pouvoir d’arrêter des civils, en lui demandant d’assurer la sécurité jusqu’à l’annonce du résultat d’un référendum contesté au cœur d’une grave crise politique, dans un décret prenant effet lundi 10 décembre.
Cette décision intervient à la veille de manifestations rivales des forces islamistes et de l’opposition libérale et de gauche, les unes pour appuyer ce référendum prévu samedi, les autres pour exiger son annulation. Elle arrive également alors que des membres des forces de police avaient toléré que des manifestants s’approchent du Palais présidentiel lors d’une manifestation la semaine dernière.
« Les forces armées appuient les services de police en complète coopération avec elles pour préserver la sécurité et protéger les installations vitales de l’Etat, pour une période temporaire jusqu’à l’annonce du résultat du référendum sur la Constitution », selon le texte de ce décret.
« Les officiers et sous-officiers des forces armées participant aux missions de préservation de la sécurité et de protection des installations vitales de l’Etat (…) ont tous les pouvoirs d’arrestation judiciaire », selon le texte publié au « Journal officiel ».
La crise, amorcée il y a plus de deux semaines, a déjà donné lieu à des heurts entre sympathisants et opposants au président Morsi. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des pro et anti Morsi s’étaient affrontés aux abords du palais présidentiel, faisant sept morts et des centaines de blessés.
L’armée a dirigé le pays après la chute du président Hosni Moubarak le 11 février 2011 et avait conservé le pouvoir législatif après l’accession au pouvoir en juin de Mohamed Morsi, avant que ce dernier ne mette à la retraite son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, en août.
Défense des droits de l’Homme
En juin, le ministère égyptien de la Justice avait rendu à la police militaire et aux officiers des renseignements de l’armée le pouvoir d’arrêter des civils, une prérogative dont ils ne disposaient plus depuis l’expiration fin mai de l’état d’urgence.
La mesure devait durer jusqu’à l’élaboration d’une nouvelle Constitution mais le tribunal administratif du Caire l’a suspendue le 26 juin, après avoir examiné les recours déposés par 17 organisations de défense des droits civiques qui estimaient que ces prérogatives accordées à l’armée étaient assimilables à une forme de loi martiale.
Les militaires ont été accusés de nombreuses violations des droits de l’Homme et d’avoir jugé des milliers de civils devant des tribunaux militaires pendant leurs 16 mois au pouvoir.
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