Au lendemain de la capture du Président Laurent Gbagbo par les forces spéciales françaises Licorne, les forces nouvelles continuent de multiplier actes de représailles
et épuration ethnique à l’encontre de tous ceux qui sont soupçonnés d’être pro-Gbagbo.
Plusieurs témoignages de population et des récits concordants établissent que les forces nouvelles tuent les populations ivoiriennes sur la base ethnique. Les bétés, ethnie du Président Gbagbo sont les plus visés. Mais globalement, tous ceux qui ne sont pas djoulas, ethnie d’Alassane Ouattara, ou baoulés, ethnie de son allié Henri Konan Bédié, sont dans le collimateur des soldats pro-Ouattara, à Abidjan et notamment à Yopougon, commune reputée pro-Gbagbo.
Selon Véronique Aubert, directrice adjointe du Programme Afrique d`Amnesty International, dans un communiqué publié mardi, « Les graves violations des droits de l`Homme perpétrées par les partisans d`Alassane Ouattara, doivent être recensées et leurs auteurs conduits devant la justice ».
L’organisation humanitaire a aussi déclaré que les partisans d’Alassane Ouattara « doivent cesser toutes représailles et violences » contre tous ceux qui soutiennent Laurent Gbagbo.
« Aujourd`hui (mardi), à Abidjan, des hommes armés, dont certains portaient des uniformes, ont fait des descentes des quartiers habités par des partisans avérés ou supposés de Laurent Gbagbo, notamment à Yopougon et à Koumassi », a déclaré Mme Aubert.
Un témoin a raconté à Amnesty International « comment un policier, appartenant à la même ethnie que Laurent Gbagbo, avait été appréhendé ce matin (…) à son domicile et abattu à bout portant sous ses yeux ».
« Des dizaines de jeunes gens se cachent actuellement à Abidjan par crainte d`être tués. Dans l`ouest du pays, des personnes soupçonnées d`être des partisans de Gbagbo sont également terrifiées. Beaucoup se trouvent toujours en brousse après que leurs villages aient été brûlés et ces populations doivent être protégées », a précisé Véronique Aubert.
Les villages de Didier Drogba, de Charles Blé Goudé et du Président Gbagbo ont été pillés et incendiés.
Amnesty International affirme également que le village de Zikisso, à 300 km à l`ouest d`Abidjan, a été « attaqué à plusieurs reprises et notamment dimanche dernier par des forces armées qui soutiendraient le président Alassane Ouattara » et qui « ont enlevé » le chef de ce village.
L`ONG déplore la détérioration des conditions humanitaires dans la mission catholique de Duékoué (ouest) « où 27 500 personnes ont trouvé refuge après que des centaines de personnes ont été tuées ces dernières semaines en raison de leur appartenance ethnique ou de leurs convictions politiques présumées ». « Ces personnes ont besoin d`un abri adéquat et de protection de la part de la mission des Nations unies en Côte d`Ivoire (Onuci) », a affirmé Mme Aubert.
Il y a deux semaines, la polémique sur les 800 civils tués par les hommes de Ouattara avait enflé dans la presse internationale, à l’initiative du CICR.
Une enquête avait même été ordonnée par l’organisation pour situer les responsabilités.
A l’évidence, l’ivresse de la victoire et du sang habite encore les hommes de Ouattara, qui devront sans délai laisser ces habits de tueurs et de meurtriers, autrement la réconciliation nationale prônée par Ouattara serait, comme l’a dit Alain Toussaint conseiller de Gbagbo, du « pipeau ».
Patrice Lecomte
IvoireBusiness
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