Cinq ministres centrafricains issus de la coalition rebelle du Séléka sont retenus au nord de Bangui par les éléments de cette même rébellion qui accusent le gouvernement de ne pas respecter des accords de paix et lui ont adressé un ultimatum menaçant d’une reprise des hostilités.
Les ministres, dont le chef officiel de la rébellion, le vice-Premier ministre Michel Djotodia, et le ministre des Forêts, le général Mohamed Dhaffane, font partie d’une délégation gouvernementale dépêchée dimanche auprès du Séléka à Sibut, à 160 km au nord de Bangui, où ils sont retenus depuis.
« Nous avons exigé du gouvernement qu’il applique les accords de Libreville. Mais il ne semble pas nous écouter », a déclaré à l’AFP une autre figure de la rébellion, le colonel Djouma Narkoyo, un de chefs militaires sur le terrain.
« Nous donnons 72 heures au gouvernement pour répondre à ces exigences, sinon le Séléka va reprendre les hostilités », a mis en garde le colonel Narkoyo.
Mi-décembre, les rebelles du Séléka avaient pris les armes contre le régime du président François Bozizé, menaçant la capitale Bangui. Après avoir signé un accord de paix le 11 janvier à Libreville, au Gabon, la coalition rebelle a accepté de participer à un gouvernement d’union nationale.
La rébellion n’a cessé depuis lors de demander le respect de ces accords, avec notamment la libération de prisonniers politiques et le départ des troupes étrangères de la Centrafrique, en particulier sud-africaines.
« En plus de nos exigences, nous avons retenu les cinq ministres pour protester contre le langage dégradant tenu à la radio nationale par le président de la République à l’encontre du Séléka, qui démontre sa volonté de ne pas aller à la paix », a ajouté le colonel Narkoyo.
Depuis le début du conflit et la première offensive de décembre, des dissensions sont apparues au sein du Seleka, qui veut dire +Alliance+ en sango, la langue nationale.
Le mouvement est formé d’éléments de deux grandes rebellions, l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) et la Convention des patriotes pour le justice et la paix (CPJP), ainsi que d’éléments dissidents d’autres groupes armés.
L’UFDR et la CPJP étaient déjà traversées par des divisions avant l’offensive de la fin 2012, mais les victoires sur le terrain face à l’armée centrafricaine avaient fait taire ces divergences.
Depuis l’accord de paix, ces divisions sont devenues patentes, avec des attaques de villes par différentes factions du Séléka: fin février à Sido (nord), le 11 mars à Bangassou, l’une des principales villes du sud du pays.
Ces attaques avaient été fermement condamnées par M. Dhaffane ou le ministre de la Communication Christophe Ghazam Betty, qui fait également partie des cinq ministres retenus à Sibut.
En février, une partie de la rébellion voulait poursuivre l’offensive sur Bangui après s’être arrêtée à une cinquantaine de km la capitale sous la pression internationale.
Les chefs rebelles ont aussi eu beaucoup de mal à contrôler leurs éléments, dont certains combattants désoeuvrés sont accusés de pillages et de rackets.
Selon l’accord de Libreville, les hommes du Séléka doivent normalement être cantonnés puis désarmés dans un processus de réinsertion.
La principale revendication de la rébellion au début de son offensive était le respect de vieux accords de paix que, selon elle, le président Bozizé, arrivé au pouvoir par le biais d’une attaque rebelle en 2003, n’avait pas respectés.
Ils demandaient notamment le paiement et l’intégration dans l’armée des anciens combattants, ou encore des investissements dans les régions du nord d’où sont originaires de nombreux rebelles.
Source : Par Christian PANIKA | AFP
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