Par RFI
Au Burkina Faso, mutinerie à Ouagadougou où des dizaines de soldats sont sortis de leurs casernes pour tirer en l’air dans les rues de la capitale. Tout a commencé le 14 avril aux environs de 21 heures (heure locale). Ce sont les militaires de la garde présidentielle dont la caserne est toute proche de la résidence du président qui sont à l’origine de ce mouvement. Blaise Compaoré se trouvait là quand les tirs ont commencé. Il aurait quitté l’enceinte de la présidence pour se réfugier dans le centre-ville de Ouagadougou. Le mouvement s’est répandu à d’autres casernes de la ville.
Les tirs et les combats se déroulent dans le quartier de Koulouba aux alentours de l’ancienne présidence, de la primature et de l’ambassade de France. D’autres tirs sont signalés aussi dans plusieurs camps notamment au centre-ville…La situation paraît grave.
Dès les premiers moments, le président Blaise Compaoré, sous bonne escorte est allé se réfugier dans l’ancien palais de la présidence, dans le centre-ville. Et selon RFI, le président Compaoré se porte bien et suit de près la situation avec tous ses proches.
Mais des coups de feu se sont propagés également dans la zone où il est allé se réfugier. Les soldats mécontents s’en sont pris aux domiciles de leurs chefs, domiciles brûlés ou attaqués à la roquette. On parle aussi de pillages de boutiques.
Il y a de nombreuses rafales qui sont tirées. On refoule les gens, leur demandant de ne pas prendre la route de la présidence. On est bloqué là où on est
Selon des sources proches de la présidence, c’est une affaire de prime qui serait à l’origine de ce coup de colère. Les soldats seraient mécontents de ne pas voir sur leur fiche de paie, les primes qui leur étaient promises.
Simple coup de colère ou tentative de déstabilisation du régime ?
Selon un officier joint par RFI, il s’agit d’un mouvement de colère de militaires qui protestent contre le non-versement d’une indemnité de logement qui leur avait été promise. En tout cas, la situation apparaît bien plus grave aujourd’hui que lors des dernières mutineries qui ont déjà révélé une fracture dans la chaîne de commandement d’une armée qu’on disait pourtant disciplinée.
Le malaise profond du régime de Compaoré
Hier soir, les fidèles de Blaise Compaoré, ont cherché à minimiser les évènements. Interrogé, un officier affirmait que ce sont de jeunes militaires « qui sont en train de faire n’importe quoi », et d’ajouter que « ces jeunes tirent pour protester contre le non-paiement d’une indemnité de logement ».
Il faut cependant rappeler que les éléments du régiment présidentiel sont choyés et les mieux payés des militaires burkinabè.
A la fin du mois de mars, c’est plusieurs garnisons dans le pays qui étaient rentrées en mutinerie, un mouvement qui avait été précédé par des manifestations d’étudiants réprimées. Plus près de nous, le 8 avril dernier, des dizaines de milliers de Burkinabé ont manifesté à travers le pays.
Entre ce front de la société civile et ce front ouvert au sein même de la garde présidentielle et de l’armée, le régime de Blaise Compaoré n’a jamais été aussi fragilisé et vacillant.
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