POMPIDOU- MAISON-PÈRE DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE
par
GNADOU ATHYTHEAUD
Le pompidolisme est-il un pragmatisme libéral ?
Parmi les anciens Présidents de la République française, de la Ve République s’entend, George POMPIDOU n’est pas celui qui bénéficie de la stature historique la plus affirmée.
Éclipsé par son illustre prédécesseur, le Général, succédé par le brillant Giscard d’Estaing, puis par le Sphinx François Mitterrand, il vit malheureusement son seul mandat, et sa vie, se faire écourtés par la maladie.
Devenu Président par l’effet des circonstances, à savoir le départ anticipé du Président De Gaulle de l’Élysée, il fut introduit au Palais suite à l’intérim assuré par Alain Poher ; celui-ci assurera également la même fonction provisoire après le décès du second Président élu de la Ve République.
Pompidou, normalien passé en politique, banquier au service du Libérateur national, fut l’homme des surprises comme des paradoxes, et pourtant en cela sut ménager le conservatisme seyant à son rang, ou à l’image qu’il se donnait de la France.
Élu du Cantal, mais aussi proche de la jet-set, notable circonspect mais aussi féru de voitures de course (dont il pouvait de la vitesse user avec une modération peu excessive), il ne fut pas seulement celui que l’on pensait, et son influence sur la scène politique française n’est sans doute pas celle que l’on croit.
Et si je vous disais qu’en dépit des apparences, ou plutôt de quelque défaut de perception, Georges Pompidou était bien le berceau de la politique française actuelle ? Placer un président de transition au-devant de la figure tutélaire de la Croix de Lorraine, sous l’ombre de laquelle s’abrite selon la formule consacrée quelque réfractaire à l’éblouissante aurore des temps à venir, serait-ce pire qu’un crime de lèse-majesté, une infamie, la pire des hérésies ?
Et c’est pourtant du côté de la jonction entre le conservatisme régional et l‘avant-gardisme éclairé qu’il faudrait voir la fermentation du vin qui fait l’Histoire de la Nation Française.
Pompidou, maison-père de la République, est la hache de guerre, plantée définitivement dans le sol de France, en dépit ou en raison des querelles et souffrances de la Seconde Guerre mondiale.
Héritier de l’élan bâtisseur du Général de Gaulle dont, nous ne nous y méprendrons pas, tous les Présidents de la Ve République, au moins jusqu’au dernier l’ayant connu de son vivant, ont directement dû faire apanage par exemple par l’édification d’institutions dont certaines portent aujourd’hui leurs noms, Pompidou est le 1 jaillit de la matrice gaullienne, qui donnera, couplé à l’esprit de transmission, l’arbre originel de la généalogie d’État française.
Nous pourrions réduire la généalogie d’État française en la postérité qu’elle octroie directement et indirectement au Président Pompidou comme suit :
De Pompidou à Chirac et Balladur :
Le Président Chirac et le Premier Ministre Balladur ont en effet fait leurs premières armes au cabinet du Georges Pompidou, lorsqu’il était Premier Ministre, avant de le suivre au 55 Rue Faubourg Saint-Honoré lorsqu’il devint Président, le premier comme chargé de mission, le second comme Secrétaire général adjoint puis Secrétaire général de la Présidence de la République.
Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand :
Le Président Valéry Giscard d’Estaing est la véritable cassure originelle du fil pompidolien ; Giscard d’Estaing, n’ignorant pas la lignée pompidolienne cachée mais non moins véritable de la République nouvelle ne s’y trompera pas lorsqu’il nommera aussitôt élu à la magistrature suprême Jacques Chirac comme Premier Ministre. La déchirure définitive entre le centre-droit euro-libéral et la droite d’alors, franco-industrialiste, sera actée lors de la démission avec fracas de Jacques Chirac, de Matignon, ou selon lui il ne disposait pas des moyens pour assurer pleinement ses fonctions de Premier Ministre.
L’héritage Pompidou aurait pu être mort-né si son fondateur, remplaçant du gaullisme ayant opéré le tour de force de voir sa politique et sa lignée politique en recueillir les attributs sous les noms de gaullisme, néo-gaullisme ou gaullo-pompidolisme, avait eu pour successeur Jacques Chaban-Delmas, le promoteur de la « Nouvelle France »; que Chaban eut été de droite n’enlève rien au fait que, comme du reste Valéry GISCARD D’ESTAING, il n’était pas membre de la famille politique pompidolienne stricto sensu, mais pire, il ne s’embarrassait pas de précautions pour s’en faire accepter, ce qui sans doute troubla fort l’héritier de POMPIDOU, Jacques Chirac, qui a pu cru voir la dépouille de son mentor être enjambée par quelque empressement procédurale dans le cadre de l’élection présidentielle anticipée de 1974.
Le Premier Secrétaire du Parti Socialiste, François Mitterrand, s’il a bien avant l’accession à l’Élysée de la Maison Pompidou, combattu la Maison De Gaulle en la personne du Patriarche même, ne fut pas non plus dédaigneux de telles considérations de généalo-politique, aussi n’eut-il pas la prétention de concourir en 1981 à la fonction suprême sans s’y adjoindre l’aide efficace et déterminante du nouveau chef incontesté du pompidolo-gaullisme, Jacques Chirac, alors devenue entre-temps premier Maire élu de Paris et chef du parti d’opposition de droite, le Rassemblement pour la République (RPR), ce pour se débarrasser d’un élément extérieur au pompidolisme : Le Président GISCARD D’ESTAING.
De Pompidou à Hollande en passant par Chirac :
L’interlude Mitterrand dans l’Histoire du pompidolisme d’État n’en fut pas un au sens ou de manière presque physique, nous pourrions rapprocher les profils subtils et enracinés de Pompidou et Mitterrand, deux forces rurales, lettrés, tranquilles.
Si Mitterrand a pu surpasser encore le cadre strictement binaire de la politique française, c’est qu’il n’était pas de droite de telle sorte qu’un opposant de gauche comme il le fut pour le gaullo-pompidolisme pût l’empêcher d’agir, de plus il n’était pas uniquement figé dans les considérations de rassemblement de la gauche pour se laisser intimider par un leader de l’opposition de droite qui d’ailleurs avait contribué à le faire roi, et dont il savait que celui-ci ne pouvait (encore) lui disputer la primauté du trône pompidolien en ce que Chirac n’avait pas encore franchi le Rubicon de l’union des forces sociales et républicaines.
Mais le Président Chirac était lui aussi plus complexe qu’il n’y paraissait, élevé dans la conscience du radical-socialisme, connaisseur de la culture russe, japonaise, comme de cultures antiques exo-européennes, il lui fallait s’affranchir de la caricature qui pouvait l’enfermer; c’est la sempiternelle accusation ou complexe de supériorité de classe, qui est assez amusante en ce qu’elle repose souvent sur les situations personnelles de chacun, ou pire, sur les positions que chacun se propose d’occuper dans le théâtre idéologique.
Mitterrand comme Chirac savait que la droite était une force incontournable de France, sans doute le pilier essentiel sur lequel repose l’échiquier démocratique, libre aussi longtemps qu’il demeure posé. Toutefois, Chirac était au fait de la capacité d’interruption du processus démocratique ou de déstabilisation dont pouvait se rendre complice si ce n’est auteur la gauche ou l’esprit d’insurrection (n’a-t-il pas débuté sa vie d’homme dans les souffles propagandistes tentateurs de la Guerre Froide? n’a-t-il vécu la Guerre de l’Algérie sur le front même? n’était-il en fonction durant mai 68?), aussi a-t-il toujours couru le risque de vivre à côté de sa propre action et de son devenir ;
D’où l’exaspération des tenants gaulliens du pompidolisme qui le formèrent (Marie France Garraud, Jean-Pierre Juillet) envers un espoir supposément dilettante ou dédaigneux des cases. Or la case première qui menaçait le futur Président Chirac en devenir était celle d’homme de droite, aussi lui fallait-il sincèrement être à l’écoute de toute la population, et non pas simplement de son électorat ou de ceux dont la situation ou la position pourrait faire pencher la balance du côté du libéralisme de droite.
Son frère pompidolien, Edouard Balladur, lui donnera l’occasion de cultiver cette altérité entre l’identité Chirac, et l’altérité pompidolo-balladurienne, qui pourtant est qualité de la droite libérale.
Ce sera la fracture sociale.
De Pompidou à Sarkozy en passant par Balladur :
Edouard Balladur est à mon sens celui qui aurait le plus pu représenter le pompidolisme triomphant, simplement certains éléments ont pu manquer parmi lesquels l’immatériel support d’un enracinement véritable dans une région, et la faculté de ne pas s’embarrasser outre mesure des étiquettes, qui protègent il est vrai qui est bien positionné n’est-ce pas ? Pourtant il nous faut nous souvenir que la première et plus importante leçon que le Premier Ministre Pompidou prodigua à son élève Chirac lorsqu’il le nomma pour la première fois au Gouvernement fut celle-ci : « Et surtout, ne vous vous prenez jamais pour un ministre. »
Or Balladur était favorisé par ses capacités comme l’aura pompidolienne et libérale qui l’entourait, ainsi était-il conforté de représenter à la fois la jonction libérale de la droite et du centre, expurgé de l’industrialo-ruralisme, aussi était-il conforté dans l’idée de ravir le fauteuil de chef de la droite française, et donc de la Présidence de la République, qui immanquablement ne manquerait pas de revenir à son camp.
À vrai dire, la carrière d’Édouard Balladur n’est pas aussi connue que celle de Chirac, sans doute car elle n’atteignit pas le terme qu’elle s’était fixé ou qu’elle se fixa eu égard à l’opportunité « 1995 ». Si la carrière de Balladur n’est pas aussi connu que celle de Chirac, c’est aussi car Balladur a eu, contrairement au hussard énarque de Corrèze, une carrière représentative de l’autre pendant de l’ÉNA, celle d’un grand commis de l’État, parvenu au sommet de la hiérarchie administrative en tant que Secrétaire Général de la Présidence de la République, puis qui, au décès du Chef de l’État Pompidou, prit le chemin des arcanes du futur parti de droite, RPR , ou il mènera une parfaite carrière d’apparatchik à l’ombre des batailles électorales, en parallèle d’une carrière de dirigeant d’entreprise ; qui sait qu’il fut, de 1977 à 1986, Président de la Générale de Services Informatiques, alors filiale de la CGE-Compagnie Générale d’Électricité (future Alcatel) plus tard absorbé par IBM ?
Balladur surgit donc directement du patronat et des instances du RPR, jusqu’au ministère de l’Économie et des Finances français, avant un intermède de 4 ans pendant lequel la cohabitation, non pas avec le pouvoir socialiste en place, mais avec la stature de Jacques Chirac, au sommet de la famille politique de droite, a sans doute finit de le convaincre de son bon droit à briguer l’investiture suprême.
Il semble néanmoins pour certains que sa carrière politique a commencé en 1986, date de la première cohabitation. Il fut alors ministre des Finances, sous le Premier Ministre Chirac et le Président Mitterrand. Assurément la rivalité entre Matignon et l’Élysée en fut à son comble, avec l’élection présidentielle de 1988 en ligne de mire ; est-il assuré que Mitterrand en ait développé une aversion plus forte envers Chirac qu’envers certains de ses ministres d’État les plus significatifs ?
L’histoire de la « trahison » de Balladur envers son frère pompidolien Chirac, lorsque le second laissa au premier les rênes de Matignon en échange du soutien de celui-ci à sa candidature de l’élection de 1995, ou chacun sait que Balladur se présenta également, n’est plus à rappeler. L’implication de Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget, auprès de Balladur, alors qu’il aurait été un fils politique de Chirac, fut une déchirure entre le pompidolo-ruralisme et le pompidolo-centralisme, le premier étant hybride, le second absolu.
C’est de cette droite absolue dont Chirac ne s’accommodera plus pendant son premier mandat, mandat qui aura le malheur pour les balladuriens de durer de sept ans… ou cinq ans si nous y soustrayons le quasi-quinquennat de la cohabitation du Président Chirac avec la gauche dite plurielle menée par le Premier ministre socialiste Lionel Jospin.
Pour autant, l’émergence de Balladur comme alternative à Chirac en tant que candidat du RPR à l’élection présidentielle de 1995 confirme la force de persuasion qu’aura au fil des décennies acquises les pouvoirs économiques et médiatiques, qui tous deux réunies forment le second bras du pompidolisme, après le bras armé politique, aussi ne pourrait-on considérer le pouvoir écono-médiatique comme l’antichambre du pouvoir politique de notre Ve République que si et seulement si l’existence d’un système de gouvernement dérivé du pompidolisme d’État était réellement avéré dans les sphères basses et hautes de la part la plus visible de l’establishment français. Ce serait tout de même limiter nos intérêts supérieurs, et le fonctionnement de l’État, au seul hexagone, et à ses territoires dont ceux ultramarins.
Nous devrions donc, après avoir épluché les filiations du pompidolisme à droite comme à gauche, nous pencher sur celles dont celui-ci peut se prévaloir dans les rangs économiques et médiatiques.
Cela ne sera pas vain dans la tentative ardue de lier le Président Pompidou et le Président Macron, en passant par celui qui représenta, comme Macron après lui, la rupture face aux schémas politiques habituelles.
De Pompidou à Macron en passant par Giscard d’Estaing :
Georges Pompidou, Valéry Giscard D’Estaing, Emmanuel Macron : Au lieu de montrer ce qui les diviserait, tâchons de démontrer ce qui les rassemble ; à savoir l’esprit de modernité, et le sens qu’ils ont voulu faire prendre à leur pays à l’aune de cette considération.
Si Pompidou était un successeur qui en réalité ne fut pas véritablement adoubé, comme nous en convenons aisément, par le Général de Gaulle, qui, somme toute, ne prit congé de la vie politique et de l’incarnation de la France de gaieté de cœur, puisque cela avait été le sens et l’honneur de son existence et action, Giscard d’Estaing comme Macron, sont des interrupteurs, qui, chacun à leurs manières, remplacèrent un Pompidou, l’original pour VGE, une rémanence pour le chef de LREM.
Si le Président Pompidou était un quiet conservative, entendez conservateur modéré, le Président Hollande est un quiet socialist, un socialiste modéré que l’on pourrait désigner, selon le degré de modération de son assimilation au pragmatisme politico-économique, en tant que social-démocrate ou social-libéral.
Là ou Giscard d’Estaing et Macron se répondent, c’est lorsque l’un et l’autre semblent au premier abord dépasser les limites de leurs prédécesseurs directs, ainsi le libéralisme de Giscard d’Estaing, ex-ministre des Finances se rapprochant de Washington et des institutions financières internationales, trouvent écho dans le libéralisme de Macron, ex-ministre de l’économie, opérant un rapprochement avec les gestionnaires d’actifs américains, comme l’identification de la gestion gouvernementale française à l’esprit start-up de la Silicon Valley.
Pourtant ce qui rapproche Giscard d’Estaing et Macron du Pompidolisme est leur complexité, ainsi les qualificatifs qui pourraient leur être attribuer au vu de leur proximité avec les questions financières internationales, seraient oublier le patriotisme économique dont leur action les oindra, à la surprise générale, dont en primer lieu, celle des dits milieux économiques internationaux.
Giscard d’Estaing n’est-il pas l’ambassadeur véritable du Concorde, le promoteur d’une démocratisation de l’industrie tricolore dans le monde, n’est-ce pas avec Giscard d’Estaing que surgissent les renards bleu blanc et rouge, entreprises nationales, privées ou publiques, voguant sur la vague de l’ouverture de la France au monde, donc du monde à la France, au détriment de l’esprit de pré-carré gaullien ou du monopole étatique ? N’est-ce pas suite à la défaite du Président Giscard d’Estaing qu’un nombre plus considérable que considéré d’entrepreneurs et rentiers de nos compatriotes prirent le chemin de l’expatriation, dans un mouvement comparable, toute proportion gardée, avec l’afflux d’hommes d’affaires huguenots suite aux Guerre de Religion en dehors du Royaume de France ?
Macron n’est-il pas le chantre de la French Tech, de la « start-up nation » qui démarre d’abord par elle-même et prône le retour des cerveaux ou la promotion de ceux posant encore la confiance en leur pays, n’étonne-t-il pas par le colbertisme d’État qui prévaut dans ses décisions de protéger les actifs stratégiques de l’État, comme de livrer une concurrence au niveau européen à la puissance chinoise, russe ou américaine ? De plus, il serait utile de rappeler que les premiers Marcheurs se trouvent davantage Outre-Atlantique que sur le territoire national français, comme si l’élection du leader d’En Marche était une réconciliation, un accommodement entre la France et la communauté française à l’international, agile, connectée, relativement aisée, curieuse, en un mot, giscardo-macronienne, pour ne pas dire assurément pompidolienne.
N’oubliez pas l’avant-gardisme de Georges Pompidou en termes de vision comme d’appréciation.
Le pompidolisme est un arrangement, donc le compromis, c’est à dire la gestion patiente des affaires, aussi celui entendant résister à la vague informationnelle comme aux soubresauts politiques devrait-t-il ne pas s’en prémunir sans en être averti, et ménager; Macron exprime cette nécessité par la voie du en même temps. Émancipé de l’absolu des contingences, il ne pourrait s’emprisonner de sa propre situation et position. Alors le pompidolisme est en mouvement, en marche. . .
Sarkozy & Baroin : Passage de témoin entre petits-fils politiques de Pompidou ?
Nicolas Sarkozy est un petit-fils politique de Pompidou, par la branche Chirac, passé à la branche Balladur qui n’en demeure pas moins pompidolienne. Si la faculté de ménagement des hostilités a pu alors faire défaut à celui qui quitta le sérail du Président Chirac, elle lui fit acquérir la latitude nécessaire pour se débarrasser de l’héritage qui lui revenait de droit, pour le conquérir lui-même. À dire vrai, cela fut aussi le chemin qui fut tracé pour Chirac lui-même, sans l’image vivante du père Pompidou. Nonobstant tout complexe d’Œdipe dans le traitement de la relation Sarkozy-Chirac, nous pourrions toutefois revenir au conseil de Pompidou à Chirac : « ne vous prenez jamais pour un ministre ».
Sarkozy s’est-il pris pour un ministre lorsqu’il fut pour la première fois nommé ministre, avec le portefeuille du Budget, dans le gouvernement Balladur en 1992 ?
À dire vrai, sans rentrer inutilement dans la psyché, nous pourrions dire que Sarkozy endossa pleinement les responsabilités qui seront les siennes, comme il voit alors depuis des années Chirac, à la tête du RPR dont il est membre, « assumer le destin qui est le sien, et qui est grand, tellement grand » dixit Sarkozy lui-même.
Évoquant les débuts ministériels de Sarkozy, comme fils politique de Chirac et neveu de, et adopté par Balladur, ainsi que donc la filiation politique au sein du RPR, nous devons nous arrêter sur celui, qui, véritablement ressemble le plus à un fils pour Chirac, il pourrait s’agir Alain Juppé, mais puisque nous évoquons le fait d’être en premier lieu novice, ceci étant induit par des débuts ministériels, nous évoquerons plutôt François Baroin.
Alain Juppé, en effet, fut singularisé au sein de la politique de droite par ses capacités qui en faisait selon son mentor si ce n’est son père en politique Jacques Chirac, « le meilleur d’entre nous » donc du RPR-futur UMP, or si la droite française est une famille, elle fonctionne par respect du leader affirmé qui n’en demeure pas moins coopté par ses pairs, c’est avant d’être une armée, un clan ou la pointe doit emporter l’ensemble vers les sommets, et non s’en distinguer comme leader de la course ; au maximum, la droite s’accommodera d’une tête de peloton, pas plus, car la droite est le peloton politique du pays, dont le leader n’émerge que par présence et soutien affirmées au sein de la course collectif.
Le culte d’un leader si ce n’est solitaire, unique, est sans doute la différence entre la droite et son côté le plus taciturne, le centre. La personnalisation de plus en plus grandissante du leadership des chefs de droite est sans doute la clé de compréhension de sa dislocation, plus que pour le parti et ses idées, ses figures ne se présenteraient que pour eux-mêmes ?
Le chef de droite est la tête de peloton, rarement le sprinteur de l’échappée. Le lien, souvent tenu, entre le leader de droite et sa formation politique, est le cordon ombilical entre un destin et sa genèse, entre une espérance et sa finalité, d’intérêt nécessairement collectif, pour ne pas dire commun.
Ici, nous n’évoquerons pas les liens personnels, bien que nous ayons sans doute remarqué qu’évoquant le pompidolisme, il nous est difficile de faire l’impasse sur l’aspect personnel, intime des relations publiques entre ses principaux représentants à droite (Chirac, Balladur, Pompidou lui-même, comme désormais Sarkozy ou Baroin).
Jeune lieutenant d’un Jacques Chirac alors candidat donné perdant par les sondages, snobé par les médias, François Baroin, qui a sans doute collaboré dans le passé avec Nicolas Sarkozy sous le patronage de Jacques Chirac, voit le maire de Neuilly-sur-Seine, Ministre du Budget, Sarkozy, au côté de Balladur, faire démonstration de toute la force de persuasion qu’il se peut déployer auprès des possibles soutiens de droite au futur candidat RPR de l’élection présidentielle de 1995.
Si cela tanne le cuir, l’élection de Chirac donnera l’occasion à François Baroin de ne pas même avoir le temps de ne pas se prendre pour un ministre, puisque aussitôt nommé secrétaire d’État au sein du gouvernement Juppé, il en est exclu au bout de quelques mois passés à officier au porte-parolat du gouvernement, dans le mouvement de départ des dénommées « juppettes ».
Voilà sans doute une déchirure interne supplémentaire dans la branche familiale politique du pompidolisme de droite ; définitivement sans doute Baroin ne pourra établir une relation ou politique ou personnelle avec Alain Juppé, ce qui sans doute desservira ce dernier des années plus tard, lorsqu’il tentera d’obtenir l’investiture aux primaires de la droite pour les élections présidentielles de 2017.
Comme nous le savons, en 2017, Alain Juppé, autre fils, fils aîné dirons-nous de Chirac, donc petits-fils politique de Pompidou, concourra, de même que son frère cadet en politique Nicolas Sarkozy, tous les deux échoueront aux primaires de la droite face à François Fillon, qui n’est pas de la famille pompidolienne -si ce n’est en sa branche balladurienne, comme François Bayrou ou Charles Pasqua en tant que révélations du gouvernement Balladur (1992-1995) aux côtés de Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, mais pouvait s’en approcher par attraction de ses représentants, dont au premier rang Juppé, Sarkozy ou surtout Baroin ou Pécresse, puisque les deux derniers sont ceux qui sont le plus proches de la ligne pompidolo-chiraquienne, celle, laïque, éloigné des excès qui pu emporter tant de membres de leur parti dans les filets du rassemblement non pas national, mais des droites, avec l’extrême droite s’entend.
Or l’extrême droite, si d’aventure elle était républicaine, n’en n’est pas plus pompidolienne, encore que nous puissions dire qu’elle est depuis quelques années l’objet d’une introduction dans ses rangs d’éléments ou technocratiques ou dirons-nous pondérés, qui ne dépareilleraient pas dans les rangs du patronat ou de l’administration, de telle sorte que le rapprochement des droites en n’est moins épineux, quoiqu’il faille alors se demander au détriment et dans l’intérêt de quelle droite le rassemblement de ses partis aurait alors lieu.
Aussi, après avoir par commodité électorale tenté de se saisir de la propriété comme de l’usufruit de l’héritage national-réactionnaire, Nicolas Sarkozy fut-t-il marqué par sa défaite contre un François Hollande qui n’eut même pas besoin de jouer l’apaisement mais au contraire s’illustra à brocarder sa politique comme ce qu’il représentait, tant Sarkozy avait rendu « décomplexé » sa Présidence du cadre d’un certain équilibre des pouvoirs traditionnels. Et pourtant, « ennemi » déclaré de la finance, François Hollande, comme nous l’avons vu, pourrait être perçu comme un pur symbole du pompidolisme d’État, et nous pouvons même nous y accorder, l’un de ses plus aboutis et non l’un de ses moins complexes.
Si le Président Hollande a pu injustement être caricaturé en Président de la IIIe ou de la IVe République, d’ailleurs nous disons « injustement » mais est-ce véritablement lui faire injure que, pour ses détracteurs, de percevoir en lui une alacrité à toute épreuve semblable à celle des sardoniques figures inoxydables du parlementarisme français du XIXe siècle et début XXe?- c’est que la modernité qui lui était déniée en faisait en réalité une représentation améliorée d’un Chef d’État de la Ve République naissante, à savoir Pompidou lui-même.
Nous pourrions au passage ne pas minorer que François Hollande lui-même, candidat de la gauche rassemblée, ne put se défaire de l’héritage pompidolien de la République en s’enjoignant -à son corps défendant?- le soutien franc, officiel, controversé, du Président Chirac, prince pompidolien ayant hérité du fauteuil présidentiel en 1995, et ayant entendu l’a transmettre au candidat désigné du Parti Socialiste en 2012
L’ancien Président de la République Jacques CHIRAC, ainsi transféra-t-il l’autorité du pompidolisme non à son successeur direct Nicolas Sarkozy, Président sortant candidat à sa réélection en 2012, et au demeurant du même bord politique que lui . . .
En somme, puisque Chirac se voyait héritier légitime de la Maison Pompidou, il ne pouvait intimement la léguer à qui l’a lui avait jadis renié, à savoir le ministre du budget d’alors Sarkozy, lorsque celui-ci préféra soutenir Balladur plutôt que le Maire de Paris lors du scrutin présidentiel de 1995.
Notre constat concernant la perception externe de pourrait être pris comme une injure par les supporters de François Hollande, pourtant cela n’est que le signe qu’il était, comme le successeur direct de De Gaulle au suffrage universel, dans la nécessité de composer avec toutes les forces politiques du paysage politique français, dans en premier lieu avec son propre camp, comme s’il avait un pays à reconstruire et à faire (re)venir dans la normalité.
Mais en lieu et place de Manuel Valls, d’Arnaud Montebourg, ou même de Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal ou Matthieu Pigasse, le dépassement de la normalité viendra de là ou nul ne voulait l’entendre. Dans une République de boyards, Macron serait-il le bogatyr devenu tsar, prométhéisme protéiforme moins mu par l’ambition que par les missions que celle-ci lui assigne, à moins que ce ne soit l’inverse ?
Le Président Pompidou ayant entretenu des relations apaisées avec les milieux d’affaires, ce qui ne peut être mis en tant que locataire de l’Élysée à son seul crédit, a pu être au cœur de polémiques qui à défaut d’entacher sa réputation d’Homme d’État ont pu bassement s’en prendre à son intégrité personnelle, ou à celle de ses proches. De tels procédés, tout à fait naturels en politique, n’émoussent pas les attaques plus larges, contre un présupposé système, dont les Présidents de la République seraient dépositaires et garants de la perpétuation ; voici l’antienne d’anti-républicanisme, parfois de rejet du politique, ou même d’antisémitisme, que nous aurions tort d’adosser aux (seuls?) défenseurs polémistes assumés de la chrétienté d’avant la loi de séparation de l’Église et de l’État, ou d’avant la France de l’Ancien Régime, non représentatifs ni des racines chrétiennes de la France d’État ni de son Histoire multiple. Les noms de Pompidou et Macron ont ainsi été par les médias français, avec bien trop de facilité, adossés, pour ne pas dire assujettis, à celui de la dynastie des Rothschild, comme d’autres hauts fonctionnaires et responsables politiques américains verront les leurs être liés à quelques illustres familles des États-Unis d’Amérique, fussent-t-elles ou non directement engagé sur le terrain politique qui, s’il n’a de frontières, ne devrait faire l’économie de repères.
LA COUPOLE ET LE COMPLOT
En lieu et place des harmoniques permettant la perpétuation de l’héritage du Pompidolisme d’État, que l’on pourrait penser comme le visage de la France en paix alors que le gaullisme serait son autre face, nécessaire n temps de guerre, et donc envisageable en tout temps puisque la défense d’un État nécessite sa veille permanente, il se pourrait que soit, dans l’entendement de nombres d’analystes, substitué au pompidolisme comme ordre immanent de la Cinquième République d’autres intérêts que celui de la pure transmission des codes de gouvernance pompidolien. Alors il suffirait d’établir des analogies entre les relations entretenus par chaque responsable politique d’intérêt national avec d’éventuels responsables d’intérêt tiers, dont privé, national, ou extranational, pour déterminer les véritables influences privées, nationales ou extranationales (dont publiques?) sur la République française et le fonctionnements de sa tradition politique, en dehors où au détriment du processus démocratique -nous dirons plutôt en amont de celui-ci. Le Président Pompidou étant, selon notre thèse, la source de l’arbre républicain moderne, il serait alors aisé de partir à la source de son engagement politique pour y voir où son instruction à l’École Normale Supérieure de la Rue d’Ulm, où son activité de banquier chez Rothschild Frères, pour imaginer que la méritocratie républicaine que représente les grandes écoles, où la vision globale offerte par l’expérience dans le privé, ici dans la banque, seraient un paradigme attaché à la direction de l’État.
Le complotisme n’est pas loin, et pour dire vrai, l’information, parfois non vérifiée, ou visant la controverse, n’aura de cesse d’affilier tous les décideurs politiques, français, américains ou britanniques, à une certaine lignée d’État ou d’affaires. Pour le polémique, le pompidolisme ne serait alors que le pompidolo-rothschildisme, l’antisémite exacerbera alors son raisonnement dès lors que l’homme ou la femme politique au centre de son attention sera de confession ou d’héritage juive, ou prétendu comme tel, si ce n’est attaché à la lutte contre l’antisémitisme. Après le nazisme et son crime de judéité, le post-nazisme et sa faute de judéophilie. Pour dire vrai, ni Pompidou lui-même, ni je le crois, aucun de ses successeurs à la Présidence n’y échappa véritablement ou n’y échappera, si cela est une fontaine de jouvence pour la haine, je dirai que pour combattre la haine, ce n’est pas ce qui est haï qui devrait être accusé, mais ce qui accuse qui devrait être, si ce n’est haï, considéré comme la preuve que l’État de droit en France sait protéger tous les siens leur accordant -si ce n’était qu’à eux- la liberté de pensée, et le droit de vivre en paix et sécurité, mais ceux dans le respect par tous du devoir tricolore enjoint par notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité.
Pour revenir aux insinuations qui n’ont pas manqué et ne manqueront pas à l’égard de toute personnalité politique s’étant officiellement destiné à exercer le commandement suprême des forces Armées -entres autres charges- Dominique Strauss-Kahn, candidat précocement exclu de la course à la présidentielle de 2012 de par l’usage que l’Histoire a pu faire de son destin, aurait pu être, à tort ou à raison, promptement affilié au pompidolisme d’État, de par ce que l’ancien édile PS de Sarcelles fut Directeur général du Fonds Monétaire International, et de confession juive; de ce que certain identifieraient Pompidou à ce qu’il fut, donc directeur à la banque Rothschild, établissement bancaire d’une Maison dont l’héritage juif fait aussi partie de son patrimoine immatériel, ce en lieu et place de l’analyse sereine des liens politiques qui rattacheraient « DSK » à une telle dynastie républicaine d’État, celle du pompidolisme régalien, dont les services rendus à la France ne sont pas différenciables des bienfaits que la France a pu rendre à elle-même depuis au moins 1958, ou 1789, puisque nous évoquons la République et tout ce qui y mène. Or le propos de notre examen est d’une part de rationnaliser l’histoire politique française dont celle à venir, en établissant les règles et paramètres utiles à son évolution et à sa compréhension, d’autre part de discerner ce qui, par les mélanges de faits, sans ordonnancement de ceux-ci, pourrait rendre indistinct ce qui, à mon sens, requiert, pour tous, de la clarté.
Pour en revenir au lien entre François Baroin et Nicolas Sarkozy, il ne vous aura pas échappé que puisque Sarkozy et Baroin sont tous les deux fils politiques de Chirac, et puisque Sarkozy s’est saisi de la primauté sur d’autres fils politiques de Chirac, dont Dominique de Villepin par exemple, il faille passer par Sarkozy pour reprendre le flambeau qui semblerait revenir à François Baroin. Sarkozy serait-il donc le Régent de la Droite en attendant l’avènement de François Baroin ?
Macron serait-il le régent de France en attendant l’avènement du duumvirat Baroin/Sarkozy, ou alors est-il déjà acté un triumvirat semblable à celui ayant cours en Bosnie-Herzégovine, avec Macron dans le rôle du Président de la France de la droite centriste, Baroin dans le rôle de Président de la France de la droite républicaine et laïque, et Sarkozy dans le rôle de Président de la France de la droite conservatrice et catholique, rôle qu’il arracherait alors à François Fillon, Jean-Marie-Le Pen ou Pierre de Villiers. Un tel schéma aurait-été simple si l’audace du candidat Macron ne l’avait fait Président : si le sceptre pompidolien détenu par Sarkozy après qu’il s’en soit saisi en remplacement de l’ancien Président de la république Jacques Chirac n’est plus la clé de l’Élysée, alors le pompidolisme ne serait plus le pouvoir élyséen même ?
Une telle conclusion serait hâtive, mais, après tout, à l’image du rythme imposé par le nouveau Président à la classe politique française, tant et si bien qu’il faudrait pour que Sarkozy demeure en situation de force qu’il négocie pour lui-même ou pour François Baroin, ou pour le binôme Baroin/Sarkozy, auprès du Président Macron, afin d’obtenir un positionnement pendant la mandature du Président Macron, ou après.
Ainsi où François Baroin devient Premier Ministre ou Ministre d’État d’un gouvernement sous la Présidence d’Emmanuel Macron, ou François Baroin se prépare à rassembler la droite, et pourquoi pas au delà, pour succéder au Président Macron en 2027 ou en 2032. La difficulté résidera alors dans le fait que si François Baroin se distingue d’Emmanuel Macron en ce qu’il n’est pas lui, il n’oppose pas encore de voix dissonante de celle du Président qui puisse acter de l’imposition d’un point de vue divergent parmi les leaders de l’opposition.
MERCURE CONTRE JUPITER
François BAROIN ne se duplique pas au modèle Macron, mais au moins se rend-il à son endroit duplice, si ce n’est complice, ce qui pourrait nuire à sa dissociation de Jupiter au cas ou le Maire de Troyes, transmuté en Mercure, se lancerait en lice.
Serait-ce alors une cohabitation entre LR et LREM à laquelle nous assisterions, si tel était le cas, qui serait véritablement le leader de la droite, Sarkozy ou Baroin, dans l’intérêt de qui agirait véritablement le tandem, de l’un ou de l’autre? de l’un e t de l’autre? ou ultimement du Président Macron, ou d’une certaine idée du compromis de droite, auquel nous ne pourrions nier le qualificatif de post-sarkozyste, et même de pompidolien. Si les branches rebelles de l’arbre droitier ont été élagués, ce n’est pas par esprit de discorde que pour qu’une certaine harmonisation discrète s’établisse entre le centre-droit LREM-MoDem, et la droite LR-UDI. En d’autres termes, à travers Macron, Sarkozy réussirait l’exploit de rassembler toutes les droites républicaines; rassembler toutes les droites ne serait possible que par l’isolement du Rassemblement National, ou extension de la force de persuasion des droites républicaines envers les électeurs du dit parti RN.
Macron et les petits-fils et autres descendants politiques de Pompidou :
Branche Pompidou-Chirac (Hollande-Pécresse)
Si la qualité de meneur d’hommes de Jacques Chirac est reconnu, sa compétence de technicien n’en demeure pas moins intacte, pour preuve la spécialisation technique des Ministères de ses gouvernements successifs, et le background de ses recrues qui parlent en sa faveur : Valérie Pécresse, Conseillère d’État; Nathalie Kosciuszko-Morizet, X-Agro-Collège des Ingénieurs (MBA), sont représentatives de l’ambition du Président Chirac, sur le plan administratif, scientifique et gouvernemental, pour l’administration du pays , celle-ci notamment basée sur les meilleurs de leur domaine -rappelez-vous du « meilleur d’entre nous » Alain Juppé que le Président Chirac, nomma sitôt élu en 1995 Premier Ministre, rappelons-nous de Dominique de Villepin, nommé en 1995 Secrétaire Général de L’Élysée, dix ans plus tard Premier Ministre- avec pour objectif que l’engagement politique leur donne une vue d’ensemble des enjeux sociaux à l’échelle locale, nationale et mondiale.
Jacques Chirac, ancien militaire, ancien élève de l’École Nationale d’Administration et Magistrat à la Cour des Comptes est le symbole de la France politico-administrative d’Après Guerre, ambitieuse et conquérante, qui, formée au service de l’État ne pouvait s’y restreindre sans embrasser le concret du terrain, y compris dans les milieux économiques ou scientifiques. C’est l’héritage chiraquien du techno débarqué en politique, à qui le patriarche apprendra à serrer les mains, claquer la bise, et arpenter les marchés. Considérant ceci, nous pourrions postuler que François Hollande, s’il est dans l’esprit un héritier de Mitterrand, fut un héritier de Chirac dans l’action; le fait que François Hollande ait débuté sa carrière en Corrèze, dans le fief de Jacques Chirac, mais encore, face à Jacques Chirac lui-même, alors que l’un était déjà et l’autre pas encore, prouve qu’il ne manquait pas du souffle nécessaire à ceux qui ne rechignent pas aux batailles politiques, dans les stands agricoles, les commissions politiques ou sur les plateaux télévisés.
De l’avenir du Pompidolisme
Le Président Macron, intuitivement inspiré par l’existence d’un tel arbre républicain aux ramifications insoupçonnées, a pu en expérimenter les résistances lors de son émergence dans l’écosystème hollando-socialiste. Aussi pourrait-il savoir que Pécresse et Baroin sont deux petits-fils de Pompidou, tous les deux via Chirac, mais que ceux-ci risquent ou ont déjà risqué l’infantilisation par le fait de Nicolas Sarkozy, qui s’impose entre eux et leur père en politique de telle sorte que l’ascendant sur eux en fait aujourd’hui ou au minimum leur grand frère, ou au maximum le patriarche politique de leurs destinées. Ainsi Pécresse serait des arrière-petits-enfants de Pompidou, car petits fils de Chirac via Sarkozy.
Puisque le Président Macron est amené à établir des relations d’égal à égal avec son prédécesseur indirect à l’Élysée pour ne pas courir le risque d’une infantilisation politique dont les esprits mesquins ont pu l’affubler du fait de sa jeunesse, il ne serait selon ses vœux pas le fils politique de Hollande, serait-t-il frère ou compagnon de route direct de Mitterrand et Giscard d’Estaing, ou du moins son inspiration des étages généalogiques supérieurs, disons antérieurs, du pompidolisme d’État l’ont-ils empêché de sembler postérieurs à la classe politique actuelle, ce pour lui permettre de la surpasser pour assurer au moins sa postérité propre ?
Tout descendant direct ou indirect de Pompidou devrait pour endosser l’héritage d’État ne pas renier celui-ci, ou du moins pouvoir s’entourer d’individus ou forces en étant tributaires ; il en est ainsi de Ségolène Royal qui face à un petit-fils politique de Pompidou, à savoir le candidat Sarkozy, ne pouvait manquer de tels soutiens, tant du côté de la gauche que du centre, puisque la droite était déjà cadenassée par son rival.
À titre particulier, nous pouvons convenir que les descendants du mitterrandisme et du chiraco-balladurisme ont été les plus visibles sur la scène politique française, depuis 1981 jusque 2017, date de l’accession au pouvoir d’un candidat qui ne s’est jamais officiellement affilié à tel héritage outre mesure ; une des raisons du passage de Macron entre ces deux branches de la politique française traditionnelle réside dans le jeu de miroirs ou tous deux s’opposaient tant et si bien qu’en dehors du parti de Jean-Marie Le Pen, il semblait pour l’un et l’autre que son némésis résidait dans son voisin « républicain » : Le duel entre Anne Hidalgo et Nathalie Kosciusko-Morizet, aux municipale de 2014, pour la Mairie de Paris en est un exemple ; la présence symbolique de Gérald Darmanin au sein des gouvernements successifs de la Présidence Macron en est moins un contre-exemple que le signe que le pragmatisme tout à fait pompidolien reprend droit de cité, ce qui sied tout autant à Bruno Le Maire qu’à l’ancien Président Nicolas Sarkozy.
La condamnation que nulle ne peut dire opportune de l’ancien Maire emblématique de Neuilly-sur-Seine à trois ans de prison dont un an de ferme pour corruption et trafic d’influence dans le cadre de « l’affaire dite des écoutes téléphoniques », ne peut que l’encourager puisqu’il en est déduit une incapacité juridique à se présenter à l’élection présidentielle de 2022, à soutenir le rapprochement tactique ou idéologique de membres éminents du parti Les Républicains avec le parti présidentiel La République En Marche : le cas de l’accord entre le pouvoir macroniste et Le Président LR de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur Renaud Muselier en est une marque indéniable. Le Front-Rassemblement National (F-RN) est un parti dont l’accession au pouvoir est moins rendu ardue par des questions d’opinion que par la dichotomie qui peut subsister entre le pompidolisme républicain et la formation des Le Pen.
Le rapprochement des deux factions est en cours, mais pourrait sembler une forfaiture pour les tenants du « cordon sanitaire républicain », dont la mise à l’épreuve à l’égard d’une coronavirale pandémie n’est pas des moindre, comme ceux du nationalisme supra-républicain ou du patriotisme trans-républicain, qui reconnaît tous ses enfants sans distinction d’opinion, mais sans doute avec quelque préférence de convenance personnelle. L’archétype du pompidolisme serait une figure politique de droite sachant s’attirer les faveurs point trop passionnés de son camp mais aussi l’aval des forces « modérés » en présence, à savoir un profil du type Gérard Larcher.
Xavier Bertrand pourrait en être un typique représentant, toutefois la tentation de rassembler toutes les droites, dont en premier lieu dans un souci de marginalisation du F/RN, par accaparement du volet sécuritaire pourrait rebuter les esprits modérés peu en phase avec de tels procédés ou opinions.
Mais enfin, rien n’est impossible car après tout le pompidolisme est l’être des circonstances, le faire des compromis, et non pas, l’affaire Markovic l’a (é)prouvé, le paraître des compromissions : le pompidolisme est en soi la politique faite homme, compréhensive mais intransigeante; le jeune Chirac en fut témoin, lui à qui Pompidou tint ses propos lors de la polémique sur l’achat par le ministre de Pompidou du Château de Bitty, qui valut à l’élu corrézien le surnom de « Château-Chirac » :
« Quand on prétend faire de la politique, on s’arrange pour ne pas avoir de château sauf s’il est dans la famille depuis au moins Louis XV ! ».
Peu avare de surprises et de paradoxes, le fait d’armes le plus inattendu du pompidolisme serait qu’il soit représenté par une femme, de surcroît de gauche, ou même d’extrême droite. Alors le pompidolisme aurait gagné sur le social et le national, en somme, sans jeu de mots, sur ce qui restait, si jamais ils s’alliaient, à dissocier, pour ne pas dire, expulser, tout à fait.
Or ce qui ne peut être dissocié l’un de l’autre doit-il être dissous l’un dans l’autre ?
Le futur visage de la politique française serait-t-il une convergence de la modération et de la droite dite forte ? Ou simplement leur égale élévation, sur les vents porteurs de l’écologisme et de l’europhobie, les deux forces montantes en Europe ? L’Europe, l’Europe! voilà, aussi, où se jouera l’avenir du pompidolisme français, maison-père de la République. N’ayant peine à imaginer un Pompidou ne s’attristant outre mesure de la construction européenne en devenir, ou même intervenant dans le sens de sa formation, il n’est pourtant difficile de se remémorer que la négation institutionnelle des bienfaits de l’Union Européenne n’a jamais été en France aussi forte que parmi les rangs des héritiers du Cantalien.
Qui a oublié l’appel de Cochin ?
Le sort de la droite française se jouera dans le positionnement, déjà acté depuis 2004, qu’elle entendra affirmer sur le Continent. Russie, Turquie, Grande-Bretagne, Asie, Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient, indépendantismes régionaux, agriculture, environnement, santé, culture et questions écono-financières, les sujets ne manquent pas . . .
Le pompidolisme contrebalancera t-il les eurosceptiques comme les sociaux-démocrates, alors que la vague verte submerge (positivement, n’en doutons point) nos rues et contrées ? L’esprit du Président Georges Pompidou, bien plus réformateur et audacieux que l’on ne pourrait le lui accorder, ne sera pas inutile pour accorder les violons, afin que le dernier mouvement de la Neuvième Symphonie de BEETHOVEN ne nous parvienne, « Ode à la Joie« , de manière chaotique.
Aussi, la pondération du nombre serait-elle la clé de survie de l’essence européenne : l’unité.
Concernant la perpétuation du pompidolisme d’État ou de l’État français, il serait peut-être malvenu de penser qu’un ancien banquier en ait chassé un autre.
Pompidou était un homme d’État arrangeant, or le Président Macron a été, comme il le supputait à l’égard de Jeanne d’Arc, « une flèche qui a fendu le système », à savoir selon son volontarisme, les corporatismes et l’étau de l’entre soi ou de l’immobilisme. L’ouverture du champ économique, la démocratisation du champ politique qui n’est plus l’apanage unique du Janus droite-gauche est à son crédit. Le fait que le Président Macron ait formé une République « en marche » aura t-il été ce qui a pu dévoiler l’existence putative d’une République qui serait alors assise sur ses acquis, dont ses représentants et acteurs seraient empêtrés dans leurs positions respectives, alors que la stratégie macronienne était justement de les engager dans une guerre de mouvement ?
Une guerre de mouvement imposer aux adeptes de l’immobilisme, cela n’est rien de moins qu’une guerre d’usure, un siège de la forteresse pompidolienne traditionnelle, qui où tombera comme un fruit mûr, ou par l’érosion dû au temps long, ou du moins à son impression. Le maître des horloges ne peut que donc que patience garder, à mesure que les forces en présence perdent la leur, et ou quittent la scène politique, ou se rallient au Président Macron. Les blocs continentaux droite-gauche se croiseront-t-ils, recouvrant l’espace maritime irrigué par le fleuve macronien ?
Quelle orogénèse se formera de la friction des dits blocs traditionnels, ici PS et Les Républicains ? En surgira-t-il un élément mixte, issue de l’accrétion des deux éléments, si ce n‘est le Président Macron lui-même, puisqu’il en est à la fois la réunion et la négation ?
L’avenir proche de la Ve République, serait-ce la force montante mais silencieuse des parlementaires LREM et MoDem, majoritaires à l’Assemblée nationale ? Serait-ce la droite Les Républicains qui s’entendrait avec la gauche républicaine pour amoindrir ou reléguer au rang de passage la vague orange (LREM et Modem) ? Pourrait-ce être les Écologistes, dont le passé comme les attachements tant idéologiques qu’organisationnels avec les partis de gauche, ont nuit tout de même à leur acceptation politique par le républicanisme de droite . . . et de gauche ?
Toutefois, le parti EELV pourrait passer outre les réflexes politiciens si dans sa politique d’assimilation à la société civile, elle prenait en compte les exigences et aspirations de la prospérité économique, comme des impératifs technologiques qui s’annoncent. Après les partis socialistes, héritiers de la cause ouvrière du XIXe siècle, après les partis verts, héritiers de la cause environnementale du XXe siècle , existera t-il les partis technos, héritiers de la cause technologique du XXIe siècle, moins par sympathie pour le psychédélisme new age des night-clubs et autres rave-parties (réminiscences de Woodstock), que pour l’échappatoire offerte par le progrès technique, au titre duquel le transhumanisme, l’IA, le big data ou le calculateur quantique ?
Voici le tableau de la politique française, européenne et mondiale à venir. Le pompidolisme, Maison-Père de la France contemporaine, s’il était une loyauté, comme Pompidou en fit montre envers celui qui en fit son Chef de Gouvernement, et comme le feront plus difficilement ses descendants politiques envers leurs parrains et clans, ne saurait être une discipline enfermant son auteur dans les usages qui ne vont dans le sens de son intérêt ou celui de la France. Car avant tout, qui devrait régir donc incarner l’État devrait ne point l’oublier :
La politique est un utilitarisme.
L’émancipation vers l’avenir, comme la référence à l’autorité, toujours préalable à l’action présente, seront donc les boussoles des peuples, comme des forces françaises ou européennes, quant à la direction à donner à nos politiques communes.
Pour épitaphe, le Président POMPIDOU nous a laissé le présent testament : « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire, j’espère que les historiens n’auront pas trop de choses à dire sur mon mandat ».
Si le mandat de Pompidou a pu exprimer un certain bonheur national lié aux Trente Glorieuses, qui finiront avec lui, est-ce à dire que la Présidence, s’il a voulu sans histoires, n’en a pas moins laissé des traces, visibles et intangibles, dans l’Histoire ?
La France est-elle destiné au Bonheur, ou à l’Histoire ?
Nous voici à la Croisée des Chemins :
Bienheureux qui saura faire l’Histoire française pour le bonheur national, ou pourra se formaliser que la marche collective Française vers son bonheur ne se puisse faire, honneur oblige, à l’insu de la grande Histoire commune des Peuples, à travers les Âges et les esprits.
POMPIDOU, MAISON-PÈRE DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE, par GNADOU ATHYTHEAUD
Sources Images : POMPIDOU, MAISON-PÈRE DE LA CINQUIÈME RÉPUBLIQUE (Source Images)
Le Charme Occulté, par GNADOU ATHYTHEAUD
Le présent article est, outre la reconnaissance de l’héritage, comme de l’influence, du Président de la République française Monsieur Georges POMPIDOU sur l’histoire contemporaine de son pays, une mise en lumière des mécanismes politiques régissant l’identité du pouvoir républicain national, fluctuant, car, j’espère vous en avoir convaincu, immuable.
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