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Un Boulanger condamné pour avoir travaillé 7 jour sur 7

Un Boulanger condamné pour avoir travaillé 7 jour sur 7

 

L’adage selon lequel le travail rend libre a parfois été utilisé dans des contextes discutables, mais aujourd’hui apprenons nous également que le travail peut conduire en prison, ou du moins donner maille à partir avec la justice.

Dans le village de Lusigny-sur-Barse dans l’Aude (Grand Est) Cédric Faivre, artisan boulanger, avait écoper le mois dernier d’une lourde amende pour avoir travailler tous les jours de la semaine en été . La préfecture de l’Aude est revenue sur cette interdiction de commercialisation du pain tous les jours. Mais les artisans boulangers seront t-ils les premiers bénéficiaires de cette mesure ? L’effet pervers relevé par le boulanger champenois, c’est que cette décision favorise les grosses structures et les industriels : « C’est eux qui vont profiter du biais pour faire sauter le décret. » confie t’il au journal de 13H de TF1 (25/o4/2018).

Le décret évoqué encadre la vente de pains. Consultés, les boulangers souhaitaient une dérogation pour certains artisans. Désormais c’est à la fois les boulangers mais aussi les grandes surfaces, ente autres qui vont pouvoir vendre leurs pains le dimanche et à tous moments de l’année.

En ce qui concerne la concurrence que cela occasionne aux artisans boulangers et la pénalisation économique qui en résulte pour la profession, gageons que l’offre plurielle fera de la part des consommateurs que nous sommes l’objet d’une considération pécuniaire bien entendu, mais aussi d’une considération préférenciel, sur un point de vue qualitatif.

L’artisan boulanger champenois attend un geste de la préfecture pour que soit supprimée son amende de 3000 euros. Rappelons que Cédric Faivre voulait initialement obtenir une autorisation pour ouvrir pendant la saison touristique comme il le faisait pendant les été précédents. Condamné pour n’avoir pas compté ses heures au travail si l’on peut dire, il voit aujourd’hui son cas servir de jurisprudence pour l’ensemble de sa filière professionnelle.

Mais par l’élargissement des bénéficiaires de la mesure préfectorale, le traitement de sa situation par l’administration sert par ricochet les intérêts de la grande distribution et de l’agro-industrie, alors même que la flexibilité que s’était accordé le boulanger champenois devait avant tout à la fois lui assurer un revenu bienvenu en dehors des limites de temps de travail habituelles.

Ce qu’il faut souligner, c’est qu’un artisan, un commerçant, comme un praticien médical ou un cadre est une personne qui, justement, se cadre, et peut comme Cédric Faivre l’a prouvé, s’accorder ses propres horaires. Les 35 heures n’existent pas pour eux dans les faits. Ainsi un médecin ou un orfèvre pourrait en vérité travailler  29, 51 ou 12 heures dans la semaine, s’il estime qu’il ne peut faire autrement où que cela suffit à assurer sa subsistance et l’avancée de son commerce. En revanche, une entreprise qui emploie et qui est soumise à des règles liées aux conventions du Travail et des Droits de l’Homme ne peut à sa guise faire travailler ses salariés plus que de raison (plus que ce qui est stipulé par la loi). L’entreprise, à cet égard ne peut d’un côté faire mine de respecter ces conventions puis de l’autre les balayer en s’attribuant une capacité de faire travailler ses salariés à tout moment de l’année, de la semaine et de la journée, sous le prétexte que ces produits et services sont désormais disponibles à la vente sans restriction de temps.

De l’autre côté, ajoutons que dans les faits, comme préciser dans l’énumération ci-dessus, les cadres et dirigeants d’entreprise, bien qu’ils puissent faire l’objet d’harassement abusif de la part de leur entreprise, sont souvent des individus qui ne comptent pas leurs heures, et transfèrent souvent -leur famille et entourage proche en sont témoins- leur bureau et même parfois leur collègues, c’est à dire tous leur lieu de travail, à domicile.

A cette catégorie socio-professionnelle à laquelle on peut assimiler les travailleurs indépendants et toutes les formes d'(auto)entrepreneuriat, il est légitime d’octroyer une licence de travailler et faire commerce lorsqu’ils le souhaitent, en dehors du cadre spatio-temporel légal.

Celui qui s’emploie lui-même, puisqu’il peut déterminer son temps et ses conditions de travail indépendamment de la règlementation, devrait pouvoir dans la loi bénéficier d’une souplesse certaine dans son organisation et celui de son travail.

En revanche, décerner cette permission à des sociétés qui emploie des individu, et qui n’ont donc pas le besoin de cette flexibilité, de cette adaptabilité propre aux individus qui assume un travail qui leur est propre -comme c’est le cas d’un artisan , d’un commerçant indépendant, d’un médecin ou d’un vidéaste non affilié par exemple- cela serait la marque d’un refus à l’entrepreneur de la vertu d’initiative. 

Ce serait une méconnaissance de la distinction entre le travail et l’emploi, qui sont deux termes qui se recoupent dans certains discours mais qui ne définissent pas les mêmes réalités; puisque l’emploi est forcement une situation « d’emploi par », alors que le travail peut-être dénué de toute dimension de dépendance salariale stricte.

Ce serait donc un blâme de l’initiative économique chez les indépendants. Initiative qu’elle concèderait non sans offrir par l’occasion aux groupement d’intérêts économiques privés la faculté de se jouer des lois initiales concernant les horaires de travail et l’ouverture des établissements, annulant par la l’effet de la mesure en faveur des travailleurs indépendants, et réduisant à néant leurs chances de survivre économiquement de par leurs propres moyens adaptés à leur situation.

Ces moyens qui leur sont volés sont donc injustement réattribués aux grands employeurs, qui bénéficient ainsi d’aides et avantages qui devraient uniquement être dédiés à ceux qui souffrent dans leur activité d’un handicap structurel ou économique.

 

GNADOU ATHYTHEAUD

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