Dès le 3 juin, Claudy Siar, ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer et producteur sur RFI, avait publié les photos sur son profil Facebook pour alerter le public. Saisi de cette affaire, le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a demandé que ses représentants soient reçus au ministère de l’Intérieur. Aucun rendez-vous n’a été obtenu mais une enquête a été ouverte vendredi dernier par l’IGPN, police des polices, pour faire toute la lumière sur la petite fête et son « thème ».

Sous couvert d’anonymat

« C’est une fonctionnaire de police qui a alerté une de mes collaboratrices, raconte le producteur de RFI. Cette personne est une collègue de tous les protagonistes. Quand elle a vu ces photos sur Facebook, elle était outrée. Elle a tout de suite fait des captures écran. Elle a même averti un de ceux qui posent en disant qu’elle était très en colère et qu’elle n’en resterait pas là ».

Car pour Claudy Siar, comme pour le Cran, le nom de la fête comme les déguisements et les attitudes des policiers sur les clichés sont « sans équivoque ». « Tous ont le visage recouvert de noir. Ils ont des dreadlocks ou des coupes afro. Un, en boubou, mime le singe près des bananes. La soirée a été baptisée ‘soirée négro’. Il n’y a aucune ambiguïté sur les problèmes que posent une telle fête. Il s’agit de racisme tout simplement. A fortiori, l’événement est organisé par des personnes dépositaires de la loi. Une circonstance aggravante pour un délit qui est déjà constitué » s’indigne l’ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer.

Besoin d’un ministère des Discriminations

La personne qui a posté les photos sur son profil a, selon une source proche du dossier, d’ores et déjà été entendue. On ignore si ces quatre amis l’ont été eux aussi. Celle qui a dénoncé ses collègues préfère, elle, rester discrète. « Elle ne souhaite pas parler dans les médias, elle doit avoir un peu peur » commente Claudy Siar.

Concernant les sanctions, le Cran souhaite que les fonctionnaires soient punis, de manière proportionnée. « Je ne veux pas que ces policiers soient mis à pied, qu’ils se retrouvent au chômage… Mais il faut qu’ils comprennent que ce qu’ils ont fait est très grave, fait savoir Louis-Georges Tin, président du CRAN. Il y a assez des délits de faciès récurrents, des plaintes qui ne sont pas enregistrées quand des victimes sont de couleur. On n’a vraiment pas besoin de ‘soirée négro’, et surtout pas dans la police! ».

Pour mettre fin à ce racisme, le Cran réitère sa demande de création d’un ministère des Discriminations. Claudy Siar va lui aussi dans ce sens et espère que ce ministère s’il est créé, ne sera qu’éphémère et n’aura surtout pas vocation à être pérennisé.